Alzheimer : prévention encore inexistante
Pour l'instant, il n'est pas possible de prévenir la maladie d'Alzheimer puisqu'on n'en connaît pas les causes exactes.
Cependant, certains facteurs semblent associés à un risque accru de démence lors du vieillissement.
En luttant contre ces facteurs et en adoptant un mode de vie sain, on met donc toutes les chances de son côté pour réduire les risques d'avoir la maladie d'Alzheimer.
À noter : « Pour avoir de meilleures chances de réussir, les efforts de recherche sur la démence doivent avoir une orientation claire et être mieux coordonnés. C’est pourquoi l’OMS élabore un schéma directeur pour la recherche sur la démence, un mécanisme de coordination mondial qui structurera les travaux de recherche et encouragera de nouvelles initiatives », a déclaré la Dr Tarun Dua, cheffe de l’Unité de la santé du cerveau à l’OMS (source : Organisation mondiale de la santé, 2 septembre 2021).
Prévention : quelques facteurs protecteurs d'Alzheimer
Plusieurs études épidémiologiques ont permis d'observer que la maladie d'Alzheimer était moins fréquente dans certaines populations :
- Les personnes qui suivent un régime méditerranéen (riche en poisson et en oméga 3 notamment) ou un régime MIND (qui renforce les recommandations du régime méditerranéen) ont moins de risques de souffrir de démence que les personnes qui consomment beaucoup de graisses saturées car plusieurs travaux montrent que le déséquilibre du microbiote intestinal influencerait le risque d'Alzheimer.
- Les personnes pratiquant une activité physique régulière tout au long de leur vie semblent moins à risque que les personnes trop sédentaires. Une récente étude attribue cette protection induite par l'exercice physique à une hormone sécrétée par le muscle : l’irisine. Elle entraîne des effets bénéfiques sur la plasticité synaptique et la mémoire dans des modèles d’Alzheimer.
- La caféine pourrait aussi avoir un impact positif dans certaines pathologies neurodégénératives et elle a été associée à une diminution du risque de maladie d'Alzheimer.
- Le safran possède également des propriétés ayant fait leurs preuves dans divers modèles expérimentaux de la maladie d’Alzheimer. Ils ont mis en avant de meilleures capacités d’apprentissage et de mémorisation, ainsi qu’une diminution de la perte des neurones dans le cerveau, en particulier dans l’hippocampe.
- Le fait d'exercer sa mémoire régulièrement, d'avoir une activité professionnelle stimulante et une vie sociale riche et plaisante contribue à protéger contre la maladie d'Alzheimer.
- La méditation a un effet positif sur le vieillissement cérébral, car elle permet une réduction du stress, de l'anxiété, des émotions négatives et des problèmes de sommeil (des facteurs de risque identifiés de la maladie d'Alzheimer).
- La photobiomodulation est une technique qui prouve les effets bénéfiques de la lumière infrarouge lorsqu’elle est appliquée sur le crâne et sur l'abdomen. C’est un soin qui n’est ni compliqué ni douloureux et d'une remarquable efficacité.
Prévention de l'Alzheimer : des facteurs de risque cardiovasculaires à éviter
Depuis quelques années, on sait que les facteurs de risque cardiovasculaire augmentent le risque de souffrir de la maladie d'Alzheimer.
Lutter contre ces facteurs de risque permet donc de réduire le risque de démence. Pour ce faire :
- Luttez contre la sédentarité en pratiquant une activité physique régulière. Pour limiter encore plus efficacement les risques, ce sont les activités physiques aérobies (c'est-à-dire impliquant une consommation importante d'oxygène), comme la course à pied ou le vélo elliptique, qui doivent être privilégiées.
- Conservez un poids de santé : l'obésité augmente le risque de maladie d'Alzheimer.
- Optez pour une alimentation équilibrée, riche en fruits et légumes (quotidiennement, de même que des huiles de colza, d'olive, de noix) et en poisson (au moins une fois par semaine), pauvre en sucres, en laitages et en graisses saturées (certaines études établissent un lien entre la consommation excessive de sucres et la maladie d'Alzheimer).
- Consommez des aliments riches en probiotiques (ou achetez-les sous forme de compléments alimentaires) car ils permettraient d'améliorer les capacités cognitives et la santé mentale (source : Front Aging Neurosci, octobre 2022).
- Du point de vue des vitamines et des antioxydants, il faut impérativement éviter les carences en vitamines A, E et C, ainsi qu’en zinc, en cuivre et en sélénium.
- En cas de diabète, suivez correctement votre traitement pour maintenir une glycémie normale.
- En cas d'hypertension, les mêmes conseils s'appliquent (il faut maintenir une pression artérielle systolique égale à 130 mmHg au plus – en ciblant une pression à 120 mmHg, le volume des lésions de la substance blanche augmente moins rapidement et la réduction du volume cérébral total est moindre).
- Si votre taux de cholestérol est trop élevé, modifiez vos habitudes alimentaires.
Une étude, publiée en août 2019 dans le British Medical Journal, montre qu’adopter un mode de vie sain, qui protège des maladies cardiovasculaires, permet aussi de préserver la santé du cerveau. Ainsi, les personnes ayant un niveau de santé cardiovasculaire optimal verraient leur risque de présenter démence abaissé de 40 %.
Une autre étude fait le lien entre la santé cardiaque (diabète, hypertension artérielle ou autres facteurs de risque de pathologies cardiovasculaires) chez les adolescents, les jeunes adultes et les individus d'âge moyen et des facteurs de risque de la maladie d'Alzheimer. L'étude parle de détérioration statistiquement significative de la santé cognitive en fin de vie (source : conférence annuelle internationale de l'Association Alzheimer, 2020).
Bon à savoir : avec une bonne santé cardiovasculaire, et donc une bonne oxygénation du cerveau, on peut simplement retarder l’expression des lésions de la maladie. En somme, le cerveau aura plus de force pour compenser plus longtemps les lésions dégénératives d'une démence.
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Par ailleurs, une consommation prolongée et excessive de médicaments psychotropes type benzodiazépines (Xanax) favoriserait l'apparition de la maladie d'Alzheimer. De même, selon certaines études, la consommation d'inhibiteurs de la pompe à proton augmenterait de 44 % le risque de démence et d’Alzheimer.
Autre facteur de risque : les traumatismes crâniens
Dans un tout autre domaine, il a été prouvé que les personnes ayant subi un traumatisme crânien (50 millions de personnes dans le monde) voient leur risque de développer une maladie d’Alzheimer augmenter de 16 % s'il était de sévérité moyenne, et de 35 % s'il était grave.
Par ailleurs, le risque de démence augmente avec le nombre de TC : de 22 % avec un seul, jusqu'à 183 % (près de trois fois plus) avec 5 TC ou davantage. Enfin, plus l’individu subit un TC tôt dans sa vie, plus le risque de démence s'élève, les hommes étant légèrement plus à risque que les femmes.
Lien entre mauvaise hygiène buccale et maladie d'Alzheimer
Depuis une dizaine d'années, les études mettant en évidence un lien entre une mauvaise hygiène bucco-dentaire et la maladie d'Alzheimer se multiplient.
Le lien entre la parodontite et la maladie d’Alzheimer a pour la première fois été scientifiquement établi en 2010 par le Columbia University Medical Center à New-York. L'étude suggérait qu’une mauvaise hygiène buccale pouvait suffire à faire passer les malades du stade de déficit cognitif léger à la démence. On constatait également une perte d’autonomie plus rapide.
Une étude de l’Université de Taïpei (Taïwan) a ensuite complété cette découverte en montrant une association entre une bonne fonction cognitive et un faible niveau de parodontite (des analyses de tissus cérébraux post-mortem de malades d’Alzheimer montraient le passage de bactéries pathogène bucco-dentaires, Porphyromonas gingivalis, vers le cerveau).
Une étude a été menée en Suède sur 20 000 jumeaux (puisqu'il y a une forte composante génétique dans la maladie d'Alzheimer), l'un des deux étant atteint de démence, mais pas l’autre. Il a alors été constaté que le jumeau souffrant d’Alzheimer présentait des maladies de gencives tandis que le jumeau en bonne santé n'avait pas de problèmes buccaux.
Enfin, une étude parue dans la revue Science Advances suggère que la bactérie Porphyromonas gingivalis (Pg), souvent retrouvée en cas de gingivite et de parodontite, entraîne une colonisation du cerveau et une production de protéines bêta-amyloïdes qui forment des plaques chez les malades d’Alzheimer. Les chercheurs ont également découvert que les gingipaïnes (enzymes sécrétées par la bactérie Pg) pouvaient perturber le rôle de la protéine tau, une protéine nécessaire au fonctionnement normal des neurones. De plus, en inhibant ces gingipaïnes, ils sont parvenus à réduire le nombre de Pg migrant jusqu’aux neurones avec pour conséquence une réduction de l’inflammation neuronale et un ralentissement de la neuro-dégénérescence, typique de la maladie d’Alzheimer (un essai clinique en ce sens a été mené par la société de biotechnologie Cortexyme, en octobre 2018).
Ainsi, tout cela confirme, si besoin était, que conserver une bonne hygiène buccale est essentiel, a fortiori chez les personnes qui présentent un Alzheimer à un stade léger.
Les autres facteurs de risque de la maladie d'Alzheimer
Une étude publiée le 30 juillet 2020 dans la revue The Lancet revient sur les 12 facteurs de risque qui, si on les contrôlait, permettraient de prévenir ou de retarder jusqu’à 40 % des cas d’Alzheimer. Outre les facteurs de risque précédemment cités, l'étude mentionne :
- un faible niveau d'éducation chez l’enfant et le jeune adulte ;
- les pertes auditives ;
- la consommation d'alcool (plus de trois verres par jour) ;
- la consommation de tabac ;
- la dépression ;
- l'isolement social ;
- la pollution de l'air.
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